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5 septembre 2005

Les Stèles

Les stéles se dressent dans des champs de pourriture.

Chacune marque un espoir soufflé, une promesse ravalée, un peu de finitude. Elles sont là alignées, se confondent avec le gris de l'horizon, cette ligne horizon qui jadis fut orangée, suffocante de gaz moutarde.

Les stèles se dressent dans un pré de forfaiture.

Chaque nom gravé, chaque épitaphe revancharde et cocardière, dissimulle avec tant de peine des générations balayées par une folie plus meurtrière que la poudre et la chair à canons; que l'insouciance de quelques bannières étoilées qui pitoyablement servent aussi à recouvrir ses cadavres.

Les stèles se dressent toujours sous des chants d'ordures.

Quelle insconscience fatalement commande d'exterminer une race, un peuple, un voisin quand l'eau ne coule pas assez sur le versant d'une colline ou que le sang des uns ne semble pas aussi rouge que celui des autres?

Les stèles se dressent comme de sombres presages.

On a beau s'y incliner, on ne semble ne jamais devoir apprendre. Chaque fois on le jure: «Ce sera la der des ders». Et l'on revient gaiement dans les tranchées bourbeuses, patauger dans l'horreur et tirer sur son frère.

Les stèles se dressent, il faudrait les coucher.

Il faudrait laisser le temps pour tout ce sang baigner dans sa propre terre. Pour que les racines du mal s'y empoisonnent, lentement, inexorablement et ne jamais ressurgissent...

Hélas! On entend toujours le bruit des enclumes. Et des tailleurs de pierres .

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