Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
CONTINGENCES
Archives
Derniers commentaires
1 octobre 2005

Saudade

Saudade

Les mots indéfinissables que l'on écoute parfois....

C'était une pièce de coton effilochée, mais aux motifs de couleurs nuancées, magiques et mouvantes. Une étoffe mesurant à peine cinquante centimètres que je trimbalais sur mon épaule, avec ses dessins estampillés sur un fond clair et immaculé, du moins les premiers temps. Comme un fardeau, à l'époque déjà pesant, mais dont j'évalue seulement aujourd'hui- est-ce cela l'âme?- toute l'aimable insignifiance.

Peut être me manque-telle justement parce qu'elle accompagnait le moindre de mes pas, parce qu'elle était cette tranquille présence, ce réconfort dans lequel je cachais mes petits soucis, tellement anodins. Je jouais à y cacher mon visage, à y enfouir mes frayeurs et mes doutes, y recherchant les paroles rassurantes, les caresses affectueuses parfois inaccessibles. Elle fût vraisemblablement, sans que je m'en doute, cette présence que plus tard, adulte, je recherchais dans les bras d'une autre, dans laquelle je voulais absolument me perdre et où, égoïstement, je souhaitais me retrouver.

Plus je la serrais contre moi, plus elle était distante, étrangère, indifférente; et plus elle se faisait alors indispensable, comme l'absence, souvent, après les déchirures et les regrets, devient l'ultime compagnie à ne jamais disparaître.

Les ours, les peluches, puis les maîtresses sont passés.

Mais dans un panier en osier, là haut, dans le grenier, j'ai retrouvé ce matin mon chiffon, soigneusement plié, avec dans un coin, une simple lettre brodée, un S pour Saudade

Publicité
Commentaires
CONTINGENCES
Publicité
CONTINGENCES
Publicité