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24 janvier 2006

Le grand ménage!

Le Général de Gaulle aurait dit, lors d'une visite officielle, en 1964, au sujet du Brésil, " Décidement ce n'est pas un pays très sérieux".  Le 13 Mars 1997, lors d'une conférence de Presse à São Paulo, Jacques Chirac déclarait lui ,

"Pour moi, j'ai trouvé que le Brésil est un pays extraordinairement sérieux. Mais le sérieux, cela peut être ennuyeux. Le Brésil a cette caractéristique. C'est un pays sérieux qui gère sérieusement ses affaires mais pour autant il ne perd ni son enthousiasme, ni son charme et c'est probablement une de ses grandes forces."

33 ans après pourquoi et comment un tel revirement?

D'abord c'et vrai Jacques Chirac aura rectifié le tir: "...Je tiens à affirmer clairement que le général de Gaulle n'a jamais dit cela et je vous le dis officiellement. C'est un propos qui est venu de l'Ambassade du Brésil à Paris. Le général de Gaulle n'a jamais dit cela pour bien des raisons. D'abord, parce que le général de Gaulle aimait beaucoup l'Amérique latine. Il y avait été reçu triomphalement et c'était de surcroît un homme extrêmement poli et courtois. Vous n'imaginez pas qu'il ait pu dire une chose pareille. C'est une invention pure et simple dont on a parfaitement déterminé l'origine, qui était une bêtise."

Ouf! L'honneur de la France et du Brésil sont saufs ! Après tout si les Brésiliens ont envie de se foutre d'eux-mêmes, laissons-les donc faire. C'est une histoire Brésilo-Brésilienne.

Et puis le pays sortira bien un jour de sa condition de future grande puissance.  Le gouvernement actuel, celui de Luiz Ignacio Lula da Silva, fait d'ailleurs le forcing pour décrocher un siège permanent au Conseil de Sécurité des Nations Unis. C'est bien sur une carte de visite! Ça en impose! On a ainsi l'impression de compter pour les autres. La présence des Forces Armées Brésiliennes en Haïti n'est à cet égard pas innocente. Quand on veut jouer aux pompiers, il faut savoir monter au feu. Alors Brasilia y  a   déployé  son plus gros contingent en opération à l'extérieur de son territoire depuis la Seconde Guerre Mondiale.

Le suicide du général  Urano Teixeira da Matta Bacellar, chef de la Mission de stabilisation des Nations unies en Haïti (Minustah) doit être la manifestation de cet enthousiasme. C'est du moins une supposition puisque les premiers rapports d'enquête sur la mort ont privilégié le comment par rapport au pourquoi, pourtant essentiel dans une enquête. A Port-au-Prince, un journaliste avait relevé la présence sur le lieu du drame d'un carnet de note. Personne n'en a plus entendu parler. Son contenu n'a jamais été révélé à la presse. Quand la chute est bonne à quoi bon révéler les tenants de l'histoire !

Un autre trait de l'enthousiasme généralisé c'est que justement ces forces armées seraient bien plus utiles et efficaces dans les rues de Rio et de São Paulo que dans celles de Port-au-Prince.
Non pas que les Haïtiens n'aient pas le droit de compter avec le généreux devoir d'ingérence des (futures!) grandes puissances. Mais force est de constater que là comme ailleurs, l'opération tourne au vinaigre, les fameuses élections promises pour le rétablissement démocratique étant sans cesse reportées.
Mais tout de même. Il y a de quoi partager la bonne humeur carioca lorsque la totalité des grandes métropoles brésiliennes vivent en perpétuel état de siège, la police civile, militaire ou fédérale étant incapable de contrôler la criminalité, la délinquance, et parfois même, un véritable climat de guérilla urbaine maintenu par les narco-trafficants et contrôlé...à partir des prisons de Haute Sécurité. Les caïds y ont leur téléphone portables et n'ont pas de mal à se procurer des crédits pré-payés.

La recette? Le rapt virtuel ! Où l'on choisit une cible potentielle que l'on observe durant un certain temps. Puis que l'on appelle directement de la prison ( les journées sont longues, il faut bien s'occuper!) Et commence la pression. "Ton mari..ta femme..ton fils ( au choix) est avec nous! Il a une arme pointée sur la tête..Si tu fais pas ce qu'on te dit ou si t'appelle la Police, on le brûle...Alors va acheter des cartes téléphoniques pré-payées et recontacte-nous pour nous filer les codes...ça te coûtera....".

C'est le dernier coup à la mode.  Et il a été prouvé que 80% de ce genre d'appels provenaient de pénitencier du Ceara ( état dans le nord du Brésil)  même lorsque la victime contactée habite une région totalement différente. surprenant et efficace.  Et tristement drôle de constater que tout le monde y a droit, même des Commissaires de Police.

Alors on pourrait limiter l'enthousiasme et mettre l'armée dans la rue. Au moins, il y aurait une puissance de feu à opposer à celle des bandes qui font la loi dans certains quartiers, notamment à Rio de Janeiro. Mais non! les Brésiliens ont semble-t-il été traumatisés par l'expérience militaire ( on les comprends, plusieures années de dictature n'auront pas aidé au sentiment contraire).  Et l'on préfère laisser pourrir la situation interne que d'adopter des mesures énergiques.

Et puis des treillis armés jusqu'aux dents en plein Carnaval, ça ferait pas très exotique. Alors mourrons pourvu que cela soit dans l'enthousiasme et la bonne humeur.

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