Ecrire pour des idées ?

Alors je vais être très franc et direct... Je le disais ailleurs...
Je n'écris pas pour faire passer des messages... Je suis un
imbécile... Un niais... Un pense-petit... Je n'ai, je crois, rien à
dire... Ou du moins pas plus ou pas moins que le porteur de pizza ou
la pince-monseigneur... Pourtant je ne manque pas d'originalité... Je
suis tout ce qu'il y a de plus banal mais  me renouvelle
quotidiennement et à chaque instant... Mes textes parfois portent à
réflection... Je dirais tant mieux et tant pis... Je les envisage
quand à moi comme des révélations qui m'apparaissent et que je
travaille selon mes moyens - je les trouve encore limités et ne dis
pas cela par fausse modestie. Je suis persuadé que j'ai
encore beaucoup à apprendre.

Que cela signifie-t-il donc? Tout d'abord, lorsque je me met à ma
table de travail, que je ne suis aucun plan, aucune idée directrice,
aucune ossature. Je laisse toute leur force d'inspiration à mes dix
doigts. Ils commandent. Le jour où je deviendrai manchot il sera
temps pour moi d'écrire avec les coudes...

Ce n'est pas à conseiller à ceux qui débutent même si je me considère
comme tel. La bonne vieille méthode des plans, contre-plans, thèses
et anti-thèses est à recommander. C'est celle que l'on apprends à
l'école. C'est la plus valable, la plus techniquement fiable. Mais je
ne suis pas un écrivain. Je suis tout juste peut-être un auteur...

Et puis je me laisse porter par le texte, par les mots. Ce sont eux
qui décident où ils veulent aller. Je suis à leur service. Je ne suis
certainement que leur révélateur, leur catalysateur, ils ont leur
existence propre, ils ne m'appartiennent pas, je ne suis rien , ils
sont le reste.

S'ils font rêfléchir, c'est une bonne chose. On ne pense jamais
assez. Mais ce n'est pas mon propos. C'est encore moins mon idée que
de dire: " Bon vous voyez cette virgule que j'ai mise là... et bien
elle représente la part d'imaginaire dans la vie sexuelle du héros,
cet imaginaire qui le fait refuser les étreintes clandestines mais
privilégier l'amour groupal...". Il n'y a à mon sens rien à expliquer
face à une création. On aime un tableau. On apprécie une sculpture.On
ne sait pas pourquoi, mais on sent un pincement au coeur en écoutant
une pièce musicale. Voilà tout. Ce tout permet d'ailleur à quiconque
d'avoir accès à quoique ce soit.

Si par la suite la création génère des interrogations, des doutes,
tant mieux. Je laisse à chacun explorer ses propres pistes et avoue
avec une certaine jubilation être satisfait de pouvoir vous faire
ainsi voyager.

Mais ne m'en demandez pas trop... J'écris comme je respire: c'est une
chose, un automatisme qui m'échappe.

xaba