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4 octobre 2005

L'ennui

L'Ennui, disait le poète, est un monstre délicat glapissant dans la ménagerie infâme de nos vices. Il nous porte et pourtant nous freine. Il nous consume et s'alimente de notre propre combustion. Il est notre déchéance, il est notre perte. Il est cette angoisse, ce trouble qui nous fait hésiter. Il est surtout évidence et lucidité, puisque c'est par son prisme qu'à nous se révèle un monde de péchés et de laideurs . Nous y barbotons avec innocence et candeur, chaque fois plus maudits, plus accablés et pourtant tellement satisfaits de notre propre inconsistance.

Mais l'ennui est aussi et surtout cette zone d'ombres fécondes, ce balbutiement, «cette heure arrêtée au cadran de la montre», ce frémissement chavirant la pensée, la suspendant, l'annihilant pour bientôt la bercer d'illusions prémonitoires et rassurantes.

L'Ennui est partenaire, il est compagnon, camarade de chambrée gaillarde. C'est un joyeux drille, au masque de Pierrot triste, qui nous ramène vers l'essentiel, nous tire de silences meurtrissants; il nous entraîne progressivement sur des terrains inexplorés, des friches encore vierges, vers des à-peu-près insoupçonnés, vers des nécessités absolues.

L'Ennui est énergie créatrice, force contraire à son essence intime. D'abord désoeuvrement, routine misérable, l'ennui jaillit telle une flamme lumineuse, une supposition sublime, et, motivé par sa propre effronterie, déjà renonce à lui même, pour s'effacer devant son amante la plus fidèle, l'Inspiration.

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