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17 février 2006

Djibouti Lac Assal

Djibouti : Lac Assal

( Texte écrit pour la Série " Le tour du monde en 80 textes"

sur le site  Un endroit   de Hervé Grillot)

http://pagesperso.laposte.net/unendroit/rubrique.php3?id_rubrique=8

Une bonne ligne droite encore et le sentier disparaît à moitié. C’est là où se termine la randonnée pépère et où commence la véritable aventure. En fait l’expédition a débuté depuis deux jours. Poussière... Chaleur... Végétation éparse mais concentrée, en touffes drues, préservant ainsi quelques oasis d’ombre salutaire. Ce sont les cinquante premiers kilomètres. Avec dans la bouche l’amertume de la dernière mousse bien glacée, avalée à la va vite, juste avant de partir. On la regrette la der. En fait on n’aurait pas dû. Une canette bien fraîche en appelle forcément une autre. Mais plus la deuxième devient incertaine, plus elle se fait désirer, plus les sucs cristallisés dans le gosier deviennent tyranniques. Bien sûr, on a recours à la bonne vieille gourde. Elle est accrochée à la ceinture. On fait des allers retours. Peine perdue ! La soif a ses exigences et, définitivement, le houblon, n’est pas un bon compagnon de route. Et puis c’est vrai qu’une gourde est très conne. On a beau la remplir, elle se vide toujours plus vite qu’on le croit. Alors on se fixe des échéances. On se fait violence. On se rationne volontairement. Et on pense au premier bock qu’on s’enverra à l’arrivée. En sirotant à petite gorgée son eau tiédasse !

Rapidement on pense à autre chose. Quelques bornes en plus et chacun participe d’une sorte de dialogue intérieur. L’attention se concentre sur les pieds. " L’infanterie c’est le nerf de la guerre " disait l’autre. Alors chacun y va de son micro-conflit, de sa réflexion intimiste. Combien de temps les chevilles vont accepter sans rechigner de se tordre sur les caillasses ? Combien de temps vont encore endurer sans rendre grâce les orteils que l’on sent déjà ensanglantés ? Un moment de solitude et l’on en vient immanquablement à parler avec ses pieds. Ils ne sont pas aussi ringards qu’on le dit. Déjà ils en ont gros sur la patate. Tant qu’ils tiennent le coup, on suit le rythme. À croire que le dingue qui marche en première ligne lui n’écoute rien ; Il se contente d’avancer. Une véritable machine. Un vrai Marsouin lui !

Déjà la végétation a pratiquement disparu. On est rentré dans une sorte de cimetière. Un champ funèbre de pierres, une vaste étendue désolée dont la monotonie est à peine troublée par le sentier chamelier sur lequel on crapahute. Rien ! Il n’y a plus rien à voir si ce n’est les ombres fantomatiques qui vous suivent ou vous précèdent. La nuit commence à tomber. Bientôt on s’arrêtera pour déplier les tentes, monter le bivouac. Les plus malchanceux prendront le premier quart. Les autres tenteront de trouver le sommeil dans la nuit sombre et glaciale. Paradoxe ! Il faut bien se couvrir car dans le désert on meurt tout aussi bien du froid que de la chaleur. Je m’endors à peine inquiété par le ricanement des hyènes en maraude autour du campement. C’est promis ! Je reviendrai un jour, à Djibouti, sur les bords du Lac Assal. Sauf que cette fois-ci je me passerai du tour operator. L’Infanterie de Marine j’ai déjà donné.

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