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3 mars 2006

Ligne de Vie

LIGNE DE VIE

Un petit pas à gauche. Puis un autre à droite. Il faut surtout ne pas trop s´écarter du chemin. Tout en le suivant, tout en imaginant un tracé idéal qui n´existe pas, qui ne figure sur aucune carte. C´est une question de logique, d´abord. Autour rien! Enfin si! L´hostilité. ( On entend par hostilité l´ensemble des forces contradictoires qui vous fait penser qu´on aurait mieux fait de rester chez soi en ce moment précis où l´on commence une narration. Si on en a pas, si on se perds au milieu de nulle part, on choisis alors comme point de référence l´endroit où l´on a réussi à trouver un certain repos quelques heures auparavant. Cela ne remplacera jamais un véritable chez soi. Mais à la guerre comme à la guerre! Et cela n´interromps pas le fil de l´histoire.).

L´ hostile ici c´est la forêt. Une masse compacte, drue. Un enchevêtrement de jeunes pousses, de vieilles racines, dans une lutte sans merci pour accéder à la lumière. Elle ne devrait pas manquer. Pourtant les strates végétales sont si denses, que les rayons du soleil n´en percent que certaines couches, les plus hautes. En bas, c´est une lutte sans pitié. Un monde plutôt sombre, humide, rampant, grouillant. Chaque espèce, chaque groupe et sous famille n´aspire qu´à une seule chose: une place au soleil. Pour cela tout est bon. Les racines jaillissent, s´extirpent, se toisent et se provoquent. Il leur faut s´affirmer avant que d´autres, plus vivaces, ne revendiquent leur du, plus agressivement encore. Il leur faut phagocyter , étouffer pour mieux vivre. Sous les yeux constamment ouverts d´autres créatures qui, tapies dans des recoins, attendent aussi que sonne l´appel au banquet.

Des feuilles parfois gigantesques se déclinent, arrogantes. Leur taille est proportionnelle à leur désespoir. Moins la lumière s´infiltre, plus elles démontrent des trésors d´efficacité pour en retenir prisonnier le moindre rai. Plus elles font la roue, tels les paons qui déploieraient leur rayon lumière, leur danse nuptiale.

Partout aussi, les pièges. Les bois imbriqués entre eux, les lianes, les souches grouillantes de monstres paisibles mais voraces; et la mort, permanente, qui s´insinue, se faufile, couleur paradis, nuance infernale.

Surtout, pourquoi s´écarter lorsque l´on sait que le moindre faux pas peut être fatal. D´autres sont certainement passés par ici. Il y a quelques heures, quelques jours. Qu´importe. Ils ont affronté les mêmes risques, enduré les mêmes insectes. Ils ont eux aussi figuré un instant au menu de quelque léopard à l´affût. ( on ne comprendra finalement jamais très bien le comportement de ces grands fauves qui restent immobiles durant des heures, scrutant le vide , guettant une proie, pour finalement ne rien faire lorsque celle-ci passe providentiellement. Comme si ces gros chats, au dernier moment, se doutaient de quelque chose. Comme s´ils se méfiaient de certaines charognes).

Ils ont surtout soigneusement recouvert leur traces.Et laissé quelques souvenirs. Parfois, peu de chose. Des petits riens sur lesquels on marche, par inattention, l´enfer chaque fois plus sournois, plus inscidieux Il suffit seulement de s´écarter un peu du chemin. Dans le meilleur des cas, on ne perd qu´une jambe. Mine de rien. Mais on peut y rester aussi.

Surtout donc ne pas s´écarter du chemin, d´une ligne de vie fugitive et mouvante. Le tracé idéal en quelque sorte. Dans l´obscurité et la lumière.

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