Un certain samedi de Septembre

Un certain samedi de septembre

lundi 20 mars 2006 par Xaba

Le long chemin qu’il parcourût ce jour-là fut à peine suffisant pour achever le périple qu’il s’était promis de boucler. Il parvint néanmoins à faire une sorte d’examen de conscience, à brosser un panorama presque fidèle quoique partial de ses expériences, une analyse sans concession et pourtant partisane de tout ce qui pesait sur son devenir, sur son quotidien qu’il haïssait pour le savoir banal et commun.

Repassant les épisodes les plus sombres de sa vie, en éludant volontairement les faits les plus heureux, il réalisa toutefois que jamais encore il ne s’était livré à une telle analyse. Il n’en ressentait que plus encore le poids du remords et des regrets, comprenant que l’on ne parvient jamais à enfouir assez profondément ses propres turpitudes ; et, de même que la lie à la moindre secousse vient à troubler irrémédiablement la saveur du vin, que les disgrâces du passé tôt ou tard ressurgissent, gâtant aussi impitoyablement le présent.

Mais si on ne peut jamais vraiment être juge et partie à la fois, il faut pourtant savoir trancher pour les autres comme pour soi-même. Et bien souvent les verdicts sont alors sans appels. Le sien fut ainsi. Définitif ! Perpétuel ! Il ne s’autorisa aucun recours. Il se jaugea, se toisa et se condamna en première instance, sans même sacrifier aux droits de la plus élémentaire défense.

C’est sans hésitation qu’il appuya sur la gâchette pour se brûler la cervelle. C’était un samedi de Septembre que je perdis mon frère. Je hais cette lacheté et pourtant je la comprends. Nous nous ressemblions tellement. Peut être toutefois en ce qui me concerne me serais-je concéder quelques circonstances atténuantes. Pour ne pas laisser derrière moi un ami partir à la dérive.