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30 mai 2006

FAUX RÊVEUR

par Michèle BOSSEAUX

Marée(s)

  0 -

Etat de choc. Le son, les images, tout défile encore sur l’écran, mais je ne comprend pas, non, je ne veux pas comprendre... Pourtant tout défile encore, et c’est trop clair...

... et c’est une horreur. Une marée d’horreur. La même partout.

Bien sûr, les causes sont différentes, les mots pour expliquer aussi. Mais pourquoi user de mots différents, quand c’est toujours de mort qu’il s’agit ?

Mort, sang, folie.

Marée.

  1 -

Une ville noyée par les caprices de la nature. Un peu de vent, et un peu d’eau. "Rien que de l’eau, de l’eau de pluie, de l’eau de là-haut". Un peu, puis un peu plus, puis ... et finalement, plus que de l’eau.

Une prière pour les victimes. Une autre, et toutes nos pensées, pour les survivants. Même et surtout pour ceux qui pillent pour manger, il faut bien manger. Même pour ceux qui piquent des télés, pauvres égarés, alors que l’électricité est coupée partout, on s’en fout des télés non ?

Mais plaindra-t-on ceux qui vident les armureries ? Que nous réservent-ils comme marée suivante, sinon de sang, de haine, de feu ... au lieu d’une vague d’entraide, c’est toujours le chacun pour soi, c’est même pire...

"Et par le feu naquit l’incendie"

  2 -

Et pendant ce temps le pétrole flambe tant et plus à New York, et l’essence à la pompe, et le gasoil de chauffage. La situation dans le golfe du Mexique n’a rien arrangé bien sûr, toutes les stations de pompage fermées ...

Et les prix montent, montent, et déjà ça commence, on voit dans le journal ce gars qui doit remplir sa cuve pour le chauffage, deux ou trois fois par ans, et là il vient de la remplir avant que ça monte encore plus, et ça lui a couté plus d’un mois de salaire. Et leur budget, pour lui, sa femme, ses enfants, était déjà si serré, vous comprenez ? Boulot de merde, problèmes financiers pires, empirant constamment, comment s’en sortir, comment ...

Et ça recommence la misère, ça ne s’est jamais arrêté en fait, mais voilà la nouvelle vague.

Et à la question posée, dos au mur, comment répondre par autre chose qu’une connerie ? Désespérée et désespérante.

Au feu sur notre fragile santé mentale !

Noyée, trop de pression ...

  3 -

Un autre bout de ce pauvre monde, d’autres problèmes en apparence. On se rassemble, on prie, on fête le pays qui se démocratise, on fête l’espoir. Puis la rumeur, sale rumeur. Vague de rumeur. Joue sur la peur.

Rien qu’une rumeur ? Peut-être, peut-être pas. Qui saura encore ?

Mais la peur, sûrement.

Marée humaine, mouvement de foule. Dernier mouvement, pour trop, femmes, enfants noyés dans l’eau - qui coulait sous ce pont, et il en coulera encore beaucoup, mais qui jamais n’éteindra le feu qui se propage - corps piétinés sur ce pont. Folie humaine, vague de sang A une folie en répond une autre Traqueurs et traqués

Et demain, dans les traqués survivants, combien à parier que certains, sûrement, prendront une arme et deviendront traqueurs à leur tour ? Parce qu’on n’en finit jamais.

   ? -

Et c’est partout pareil vous voyez, l’homme s’arme en réponse à la marée, quelle que soit sa nature. Partout au courant succède l’incendie.

Mais pour l’heure pas encore ici.

Une larme voile les images. Puis une autre, et encore...

Putain de monde !

Ah si, ici aussi ça brûle...

Michèle Bosseaux 01/09/2005

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