Les chocolats de Hamra

Les Chocolats de Hamra

par Xaba

Lorsqu’on se penche par la fenêtre, lorsque, ne serait-ce qu’un bref instant, on croit pouvoir apercevoir les contreforts ensoleillés de la Sierra Madre, on vit, on brille, on respire le grand air, il y a de la joie et du sublime dans nos pensées, dans celles aussi des enfants qui nous accompagnent - ils ne s’en doutent pas mais après tout quelle importance - de ces garnements qui ne pensent qu’aux chocolats chauds dont plus tard ils se régaleront, comme ils auront plaisanté d’après-midi innocentes.

Mais il reste bien peu à voir, tout presque a déjà été vu, et de nos acrobaties périlleuses à nos judas on perd éventuellement l’équilibre. La tête nous tourne, on se relève fragiles pour entendre des cris de désolation, pour compter les déflagrations, l’insulte des bombes, comptines vengeresses d’enfants qui ont mal tournés.
C’est semble-t-il une pestilence, une malédiction marquée dans le sang et dans la terre. C’est une abomination que l’on voudrait réservée à des histoires anciennes. Allez- donc à la veillée conter ces fables stupides à des jeunes pousses qui se désolent de ne se contenter que d’un bol de chocolat amèr.

Il reste pourtant les cèdres, fermement, résolument plantés, une autre cordillère promise à d’autres enfants pour qui il faut résister.
Et l’on s’invite alors à écouter les arbres pousser. Et l’on reste à sa fenêtre. Avec douleur mais fierté.

xaba